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11 avril 2009

Ils étaient de Zara - Suite 11

Meguerditch et Mania

L'année 1925 marquera une étape heureuse pour la famille par le mariage de Meguerditch avec Mania Aghadjanian. Enfin, la félicité allait renverser le cours des évènements et chasser la malédiction qui s'abattait sur eux depuis tant d'années.

Traditionnellement, la recherche et la présentation des fiancés étaient réalisées par des amis, plus spécialement par des dames qui interprétaient, en la matière, une fonction d'entremetteuse (au sens noble du terme).

Lorsque la décision fut prise de trouver une compagne à Meguerditch, après diverses sollicitations et tractations, le choix se porta sur MANIA, jeune orpheline de 16 ans estimée pour sa modestie et sa gentillesse.

Tous les Aghadjanian, son père Alexan, oncles et tantes, cousins et cousines, avaient pu émigrer aux Etats-Unis. Son père s'était remarié et avait fondé un nouveau foyer. Quelquefois, il lui faisait parvenir un peu d'argent. Bien qu'il eu l'intention de la ramener auprès de lui, ce projet ne fut pas réalisé.

A elle seule, le destin ne lui avait par permis ce regroupement familial. Tout son univers, avait été, durant une dizaine d'années de son enfance, l'orphelinat, parmi d'autres orphelines.

Meguerditch et Mania ne se rencontrèrent que deux ou trois fois avant la cérémonie qui fut célébrée le 17 Mai 1925.

Par le mariage, Mania était adoptée et elle fusionnait avec cette nouvelle famille dans laquelle allaient s'épanouir, dans la quiétude, ses qualités d'épouse et de mère. Désormais, elle pouvait reporter sur les siens toute l'affection et la tendresse qui lui avaient été ravies dans son enfance.

Bien qu'ayant des traits de caractère dissemblables, un profond attachement réciproque unira Meguerditch et Mania toute leur vie, sans qu'une ombre de discorde ne vienne entacher cette harmonie.

Avec cette union, la vie de famille reprenait ses droits. Le bonheur oublié, réapparaissant au fils des jours, trouva sa plénitude avec les premières naissances. Baïdzar, l'aînée naîtra en 1926, Araxie en 1928.

Ces maternités, les premières en terre d'exil, amenaient joie et fierté pour les parents, mais créaient aussi une grande satisfaction à toute la communauté d'exilés pour qui l'enfantement était un témoignage de pérennité de la race.

Tous les évènements heureux, noces, naissances, baptêmes, étaient fêtés par des réjouissances collectives. Les amis et les intimes étaient invités à des festivités qui duraient souvent plusieurs jours. Bien que désargentés, les tables étaient abondamment garnies et il suffisait d'un "tchoutag" (violon) et d'un "oud" (sorte de guitare) pour créer une ambiance empreinte de nostalgie mais pleine d'entrain évoquant le Pays. Chants et danses les transportaient dans un bonheur sublime effaçant, temporairement, les préoccupations quotidiennes. Ils étaient pauvres, mais possédaient cette faculté qui n'appartient qu'aux déshérités et à ceux qui ont souffert, d'apprécier dans toute leur plénitude les plaisirs éphémères et momentanées.

Les Dimanches et jours féries, après une semaine de dur labeur, les promenades dans les rues d'Athènes et en été les sorties à la plage, étaient des loisirs modestes, cependant très appréciés.

Quelquefois, ils s'adonnaient aux plaisirs du camping en s'installant avec des amis pour quelques jours en bordure de mer. Dans cet espace de liberté, les enfants donnaient libre cours à leur pétulance et à leur espièglerie. Ainsi, comme on me l’a raconté, avec un clin d’œil amusé, Araxie, bébé précoce semble-t-il, pénétrait en rampant dans les tentes des voisins pour y chaparder du lait.

Au cours de ces années d'exil en Grèce, notre famille fut tentée par le commerce. L'occasion leur en fut donnée lorsqu'ils reçurent une somme d'argent provenant de la succession de leur oncle KhosroV (l'Evêque). Rémunéré pour sa fonction sacerdotale, une partie des économies réalisées sur son traitement avait été conservée au siège du Patriarcat, donc à l'abri d'une saisie du gouvernement turc.

Ce pécule, legs précieux partagé entre les héritiers - notre famille, celle de Marinos et celle de Manas en Turquie - servit à achever la construction d'une habitation surélevée d'un étage et permit l'achat d'une épicerie.

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