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24 janvier 2009

Ils étaient de Zara - suite 5

ELIMINATION des HOMMES

Le 24 Avril 1915, c'est le déclenchement de la solution finale. L'extermination du peuple Arménien est en voie de réalisation. Cet anéantissement va être méthodique et rapide.

Après l'élimination des notables, l'étape suivante sera la liquidation violente de tous les hommes de 16 à 70 ans, afin d'écarter toute velléité de révolte. Mobilisés dans l'armée turque, les soldats arméniens seront désarmés dès le début de 1915 et affectés à des tâches non combattantes (réfection des routes, transport, etc.). Ainsi, dès Janvier 1915, les soldats Arméniens étaient, déjà, discrètement éliminés.

Dans le même temps, la population musulmane recevait des armes. Et, des prisons, on libérait des détenus de droit commun et des criminels qui s'organisaient en bandes de pillards et d'assassins. Ceux sont les "Tchété" de sinistre mémoire. Entraînés et armés par les militaires, ils semaient la terreur et massacraient les Arméniens dans les villages.

Les hommes Arméniens, disséminés et sans défense, seront rapidement supprimés. Certains pourront s'enfuir dans les montagnes, mais peu en réchapperont.

Ainsi, nos ancêtres seront décimés impitoyablement. Pourchassés, arrachés à leur foyer, ils seront exécutés ou égorgés au bord d'un chemin ou au creux d'un vallon.

Eliminés…

KHOSROV : Né à ZARA en 1869, nommé Evêque à Mouch puis Archevêque à KHARPERT et GUESSARIA, il a ensuite exercé son ministère à Césarée (Kaisaria). Emprisonné en 1915, il sera sauvagement mutilé avant d'être assassiné [1].

MINAS : Notre grand-père paternel, fils de Réhane, se trouvait à ZARA lorsque les gendarmes turcs (les « zaptié») sont venus le chercher, sous prétexte d'une affectation nouvelle.

Meguerditch Kapriélian : Cousin germain de Minas, âgé de 18 ans, et bénéficiant encore du service armé, était présent à ZARA durant l'intervention des gendarmes. Déjà, à plusieurs reprises, témoin impuissant du sort funeste réservé à ses compatriotes qu'on attirait hors des villages, et conscient de l'issue fatale, il prévient Minas. Mais il est trop tard pour s'enfuir. Minas embrasse pour la dernière fois sa femme et ses enfants. Lors de ses adieux à son fils Meguerditch, âgé d'une dizaine d'années, il lui rappelle qu'il est l'aîné et qu'il aura dorénavant la responsabilité de soutenir et de protéger la famille. Peu de temps après avoir quitté ZARA, Minas sera assassiné dans un chemin de montagne. Il n'avait pas trente cinq ans.

OHANES, second fils de Réhane connaîtra le même sort que son frère Minas. Il sera assassiné sans témoins [2].

SOUREN, fils aîné de Ohanès, n'avait pas atteint ses dix huit ans, lorsqu'il fût assassiné.

PARSEGH, le plus jeune fils de Réhane avait pu fuir lors des rafles pour se mettre à l'abri dans les collines environnantes.

Il est jeune et vigoureux, il peut survivre dans cette nature et ces montagnes qu'il aimait tant parcourir dans les temps de paix. Quelquefois, il redescend de nuit au village, pour se ravitailler et retrouver la chaleur et la quiétude familiale. Lorsqu'il prolonge son séjour, il se cache dans des meules de foin chez sa sœur Marinos.

Les gendarmes, à sa recherche, sont à l'affût. Ils épient autour de la maison familiale. Ils interrogent, souvent avec brutalité et menaces, les voisins. Un jour, excédés et furieux de ne pouvoir le capturer, ils tortureront bestialement en vain sa mère pour tenter de lui soustraire des indications leurs permettant de le saisir.

Réhane mourra sous les coups des bourreaux sanguinaires pour avoir voulu protéger son enfant.

Hélas, la traque se resserre autour de Parsegh. Il ne lui sera, malheureusement, pas possible de vivre bien longtemps dans la clandestinité.

Un voisin, un ami, l'a-t-il dénoncé pour avoir lui-même la vie sauve ? Il n'y a pas de certitude mais une forte présomption demeure. Après son arrestation, il sera emprisonné quelques semaines. Ses tortionnaires donneront alors libre cours à toutes leurs pulsions inhumaines et barbares. Il subira des brimades et des sévices atroces avant d'être égorgé dans ses chères montagnes. Il rendra son dernier soupir dans les bras de sa sœur Marinos. Il venait d'avoir vingt ans.

Les deux frères de Réhane, OSKIAN et ARMENAG, n'échapperont pas non plus à la tuerie.


 

[1] Le nom de l'Evêque BEHRIGUTAN figure sur la liste des dignitaires ecclésiastiques disparus au cours de massacres et de la Déportation dans le « Rapport secret sur les massacres d’Arménie » (page 212) rédigé par le Dr JOHANNES LEPSIUS

 

[2] MANAS, le second fils de Ohanès, connaîtra la Déportation et l'exode. Il s'établira, après 1918, à Constantinople, où il décédera dans les années 70. Peu avant son décès, il était venu nous rendre visite à Avignon

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